Le désavantage de vivre entourée d’arbres — et peut-être le seul, finalement — c’est que la canopée empêche la lumière du soleil de pénétrer à l’intérieur des murs de ma maison, malgré la fenestration abondante.
Ce manque de lumière affecte mes plantes, surtout les orchidées. Elles ont commencé à flétrir, une à une, avant de cesser de fleurir. Il m’en reste encore trois, qui rendront éventuellement l’âme.
Il m’a fallu du temps pour accepter qu’à l’intérieur de mes murs, ces fleurs ne se plaisent pas. Alors, je me suis dotée de néons. Et j’ai troqué mes orchidées pour des violettes africaines, qui, elles, vivent bien sous cette lumière artificielle.
J’ai toujours eu l’impression qu’écrire, comme jardiner, rejoue les renoncements et les ajustements que la vie impose. Ce sont deux manières de traverser l’existence, avec ses pertes, ses tâtonnements, ses découvertes, ses renaissances.
Écrire, comme jardiner, nous apprend à composer avec la lumière qu’on a, avec la saison qui nous habite, avec celle qui vient de s’achever… ou avec celle dont on rêve encore. Il faut chercher l’heure douce, l’espace fécond, et accueillir les mots comme ils viennent, au moment où ils arrivent, dans l’ordre qu’ils choisissent de le faire.
Créer, c’est observer, ajuster, accueillir. C’est ouvrir son cœur et se laisser porter par la beauté du monde qui nous est offerte. Créer, c’est prendre. C’est donner, et abandonner. C’est composer avec ce que l’on n’attendait pas ou plus.
Écrire ou jardiner, c’est troquer des orchidées pour des violettes, des phrases pour d’autres, et découvrir que la beauté renaît autrement, chaque fois.

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