Le rituel
Chaque année, pour mon anniversaire, je demande une décoration pour le jardin. Ce rituel dure depuis cinq ans environ. Pas de bijoux, pas de vêtements, pas d’objets que j’enfermerais dans une vitrine, mais des présents qui trouvent leur place dehors, parmi les fleurs, le vent, la pluie et les saisons qui traversent le jardin. Peu à peu, chacun de ces cadeaux s’intègre au décor, jusqu’à devenir une part du paysage lui-même. Ils portent en eux la mémoire de ce rituel intime et, année après année, donnent à mon jardin une âme, un écrin vivant qui respire et se transforme.
La rencontre

L’an dernier, j’ai reçu ce visage merveilleusement sculpté, à la fois énigmatique et apaisant. Je l’ai baptisé Élana, comme si elle m’avait toujours été destinée. Je l’ai placée près de ma rocaille centrale, sous la canopée de mes géants. Depuis, elle veille en silence, sentinelle immobile qui garde la mémoire des saisons : le chant des oiseaux au matin, le craquement des branches dans le vent, l’éclosion fragile des fleurs, le tapis des feuilles mortes, la neige qui tombe et disparaît. Elle est aussi le témoin discret de mon labeur et de mes promenades.
La révélation
Depuis mon arrivée à Shefford, je cherchais un nom pour ce jardin. Hier, il m’est venu comme une évidence : désormais, il s’appellera le jardin d’Élana. Nommer ce lieu, c’est reconnaître qu’il n’est pas qu’une succession de plantes et d’objets, mais un espace habité, imprégné de symboles, de rites et de métamorphoses.
L’histoire plus grande que moi
Quand je marche entre les arbres, quand je m’arrête près du petit pont ou au détour d’une plate-bande, j’ai l’impression d’entrer dans une histoire plus grande que moi. Et dans cette histoire, Élana est là, gardienne silencieuse, offrant son visage au soleil, à la pluie, aux saisons qui passent et se renouvellent.

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