Quand je dessine, je ne cherche pas à reproduire la nature, mais à laisser remonter ce qu’elle a déposé en moi. Mes illustrations deviennent l’empreinte de nos rencontres. Nous communiquons avec les formes, les textures et les couleurs plutôt qu’avec les mots. C’est un langage universel, à la fois simple et mystérieux. Une fois l’œuvre achevée, chacun est invité à y entrer, à y trouver ce que les courbes lui racontent, ce que les teintes lui soufflent.
Je commence toujours sans intention précise : l’inspiration naît souvent du geste lui-même. C’est vraiment ce qui me plaît quand je dessine : me laisser aller. Une tache, un mélange de couleurs ou un trait en appelle un autre. La magie finit par opérer, et le tableau se met à respirer par lui-même. Les formes s’imposent, les fleurs surgissent, les tiges s’élancent, et bientôt, tout s’anime. Je suis le rythme plutôt que je ne le dirige. En d’autres mots, c’est le dessin qui me montre le chemin.
Dans ce bouquet, je retrouve un peu de mes saisons : les pourpres de l’automne, les jaunes éclatants de l’été, les violets profonds des crépuscules de septembre, et les différents bleus du ciel. Chaque teinte prolonge ce dialogue silencieux avec la nature.
Dessiner, comme écrire, c’est créer un espace pour prolonger les moments précieux : faire durer un souvenir, retenir le chant d’un oiseau ou préserver le murmure d’un ruisseau. Et quand, sur la toile, les couleurs s’accordent enfin, quand le regard se pose et s’apaise, je sais que c’est le moment d’arrêter.
Mais comment savoir quand s’arrêter ? Je dirais que c’est un mélange d’intuition et de critères plus objectifs. Parce qu’il arrive un moment où un trait de plus serait le trait de trop, ou un mot de plus, celui qui gâcherait l’ensemble. C’est une question d’équilibre et peut-être aussi de retenue.
Mon bouquet est un jardin intérieur, qui n’obéit pas aux cycles naturels des saisons ; un lieu où rien ne fane et où tout recommence sans fin. Chaque fois que je le regarderai, je repenserai aux doux souvenirs qui s’y rattachent.

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