Sophie-Luce Morin

Écrivaine

Mon jardin intérieur

16 Oct 2025 | Art, Écriture, Illustrations, Nature, Réflexion

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Quand je des­sine, je ne cherche pas à repro­duire la nature, mais à laiss­er remon­ter ce qu’elle a déposé en moi. Mes illus­tra­tions devi­en­nent l’empreinte de nos ren­con­tres. Nous com­mu­niquons avec les formes, les tex­tures et les couleurs plutôt qu’avec les mots. C’est un lan­gage uni­versel, à la fois sim­ple et mys­térieux. Une fois l’œuvre achevée, cha­cun est invité à y entr­er, à y trou­ver ce que les courbes lui racon­tent, ce que les teintes lui souf­flent.

Je com­mence tou­jours sans inten­tion pré­cise : l’inspiration naît sou­vent du geste lui-même. C’est vrai­ment ce qui me plaît quand je des­sine : me laiss­er aller. Une tache, un mélange de couleurs ou un trait en appelle un autre. La magie finit par opér­er, et le tableau se met à respir­er par lui-même. Les formes s’imposent, les fleurs sur­gis­sent, les tiges s’élancent, et bien­tôt, tout s’anime. Je suis le rythme plutôt que je ne le dirige. En d’autres mots, c’est le dessin qui me mon­tre le chemin.

Dans ce bou­quet, je retrou­ve un peu de mes saisons : les pour­pres de l’automne, les jaunes écla­tants de l’été, les vio­lets pro­fonds des cré­pus­cules de sep­tem­bre, et les dif­férents bleus du ciel. Chaque teinte pro­longe ce dia­logue silen­cieux avec la nature.

Dessin­er, comme écrire, c’est créer un espace pour pro­longer les moments pré­cieux : faire dur­er un sou­venir, retenir le chant d’un oiseau ou préserv­er le mur­mure d’un ruis­seau. Et quand, sur la toile, les couleurs s’accordent enfin, quand le regard se pose et s’apaise, je sais que c’est le moment d’arrêter.

Mais com­ment savoir quand s’arrêter ? Je dirais que c’est un mélange d’intuition et de critères plus objec­tifs. Parce qu’il arrive un moment où un trait de plus serait le trait de trop, ou un mot de plus, celui qui gâcherait l’ensemble. C’est une ques­tion d’équilibre et peut-être aus­si de retenue.

Mon bou­quet est un jardin intérieur, qui n’obéit pas aux cycles naturels des saisons ; un lieu où rien ne fane et où tout recom­mence sans fin. Chaque fois que je le regarderai, je repenserai aux doux sou­venirs qui s’y rat­tachent.

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