Sophie-Luce Morin

Écrivaine

Sur fond de noir, la lumière se fait plus vive

29 Oct 2025 | Art, Réflexion

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« Sur fond de noir, la lumière se fait plus vive. »

C’est en jetant ces mots sur le papi­er que j’ai réal­isé qu’ils pou­vaient aus­si s’appliquer à notre vie : le noir rend la lumière plus vive.

Il y a des péri­odes où les ennuis s’enchaînent. Les journées s’étirent en semaines. Le cœur pompe la tristesse, l’amertume ou le dés­espoir. On avance dans le brouil­lard, en espérant seule­ment que le soleil revi­enne vite. On vit en apnée.

Et puis, l’épreuve passée, on dirait que le monde change de tex­ture. Chaque moment devient alors plus intense, plus pré­cieux. Tout goûte meilleur : le café du matin, un rire échangé, la lumière franche des matins d’octobre sur la table de la cui­sine.

On pour­rait par­ler de con­traste émo­tion­nel : après une péri­ode dif­fi­cile, les émo­tions pos­i­tives sont perçues avec plus d’intensité. Et, quand l’épreuve se pro­longe ou mar­que pro­fondé­ment, on par­le plutôt d’adaptation, qui est cette capac­ité à retrou­ver un équili­bre, à redonner du sens à ce qui nous a blessés, non pas en effaçant la douleur, mais en la trans­for­mant en élan de vie.

Quand je des­sine, c’est exacte­ment ce qui se pro­duit. Chaque couleur posée sur la feuille me trans­porte ailleurs, loin des tra­cas et du vacarme du monde. Ce qui me per­turbe ne s’efface pas : le noir reste là, mais il devient un allié, par­tie prenante de l’évolution de l’œuvre et de son ren­du. C’est lui qui fait briller les teintes, qui donne à la lumière tout son éclat.

La psy­cholo­gie pos­i­tive mon­tre que la grat­i­tude, la créa­tion et la pleine con­science sont des chemins qui mènent vers un mieux-être réel. Et les neu­ro­sciences le con­fir­ment : créer active les cir­cuits de la récom­pense et de la moti­va­tion (dopamine), ain­si que les zones asso­ciées à la régu­la­tion émo­tion­nelle. Autrement dit, créer creuse une brèche pour laiss­er entr­er la lumière.

Créer, c’est don­ner un sens à ce qu’on tra­verse. C’est accueil­lir l’ombre, la trans­former, l’assimiler pour ren­dre l’expérience plus douce, plus digeste.

L’art établit un dia­logue silen­cieux entre l’ombre et la lumière, entre la tristesse et la joie. Et dans cet échange, il arrive qu’on trou­ve enfin l’apaisement.

La beauté peut naître de l’épreuve. Et l’art par­ticipe à ce proces­sus, en ral­lumant la joie au cœur de nos gri­sailles.

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