« Sur fond de noir, la lumière se fait plus vive. »
C’est en jetant ces mots sur le papier que j’ai réalisé qu’ils pouvaient aussi s’appliquer à notre vie : le noir rend la lumière plus vive.
Il y a des périodes où les ennuis s’enchaînent. Les journées s’étirent en semaines. Le cœur pompe la tristesse, l’amertume ou le désespoir. On avance dans le brouillard, en espérant seulement que le soleil revienne vite. On vit en apnée.
Et puis, l’épreuve passée, on dirait que le monde change de texture. Chaque moment devient alors plus intense, plus précieux. Tout goûte meilleur : le café du matin, un rire échangé, la lumière franche des matins d’octobre sur la table de la cuisine.
On pourrait parler de contraste émotionnel : après une période difficile, les émotions positives sont perçues avec plus d’intensité. Et, quand l’épreuve se prolonge ou marque profondément, on parle plutôt d’adaptation, qui est cette capacité à retrouver un équilibre, à redonner du sens à ce qui nous a blessés, non pas en effaçant la douleur, mais en la transformant en élan de vie.
Quand je dessine, c’est exactement ce qui se produit. Chaque couleur posée sur la feuille me transporte ailleurs, loin des tracas et du vacarme du monde. Ce qui me perturbe ne s’efface pas : le noir reste là, mais il devient un allié, partie prenante de l’évolution de l’œuvre et de son rendu. C’est lui qui fait briller les teintes, qui donne à la lumière tout son éclat.
La psychologie positive montre que la gratitude, la création et la pleine conscience sont des chemins qui mènent vers un mieux-être réel. Et les neurosciences le confirment : créer active les circuits de la récompense et de la motivation (dopamine), ainsi que les zones associées à la régulation émotionnelle. Autrement dit, créer creuse une brèche pour laisser entrer la lumière.
Créer, c’est donner un sens à ce qu’on traverse. C’est accueillir l’ombre, la transformer, l’assimiler pour rendre l’expérience plus douce, plus digeste.
L’art établit un dialogue silencieux entre l’ombre et la lumière, entre la tristesse et la joie. Et dans cet échange, il arrive qu’on trouve enfin l’apaisement.
La beauté peut naître de l’épreuve. Et l’art participe à ce processus, en rallumant la joie au cœur de nos grisailles.

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